s, eLe 9 août à Bordeaux, l’équipe de France de rugby féminin affrontera l’Angleterre dans un test-match décisif. Ce match, disputé dans le cadre de la préparation pour le WXV, représente bien plus qu’une rencontre estivale. C’est une répétition générale contre la meilleure nation du monde, un affrontement direct entre deux styles, deux écoles, deux ambitions.
Un passif lourd pour le rugby féminin français mais des progrès visibles
L’Angleterre reste le cauchemar récurrent des Bleues. Sur les dix dernières confrontations, la France n’a gagné qu’une seule fois, en 2021. Lors du dernier Tournoi des Six Nations, les Red Roses ont infligé un cinglant 42-21 aux Françaises à Bordeaux. Ce souvenir brûle encore dans les esprits. Mais cette fois, la dynamique est différente. L’équipe tricolore a changé de visage depuis l’arrivée de Gaëlle Mignot et David Ortiz à sa tête. Une nouvelle génération frappe à la porte.
Une charnière en construction
Pauline Bourdon-Taufflieb reste le métronome des Bleues, mais elle sera épaulée par des jeunes comme Lina Queyroi ou Émilie Boulard, qui monte en puissance à l’arrière. L’enjeu : trouver une stabilité dans la charnière et oser le jeu au pied contre une défense anglaise dense et bien organisée. Le staff insiste sur la prise d’initiative et l’occupation territoriale.
Un pack sous tension
Devant, les Françaises savent que la bataille se jouera en mêlée fermée et sur les rucks. La puissance anglaise est redoutable, notamment avec Sarah Bern et Marlie Packer. La capitaine tricolore Manaé Feleu, épaulée par Madoussou Fall, devra hausser le ton. Le défi physique est immense. Les statistiques sont parlantes : l’Angleterre gagne en moyenne 92 % de ses touches et 87 % de ses mêlées, contre 84 % et 80 % pour la France. Il faudra inverser cette tendance pour espérer.
Un enjeu stratégique national
Ce match est aussi un test politique et symbolique. Le rugby féminin français cherche un second souffle après une Coupe du monde 2022 frustrante (élimination en demi-finale par la Nouvelle-Zélande). La FFR mise sur cette rencontre pour redonner de la visibilité à la discipline et justifier ses investissements. La billetterie est en hausse, les droits TV s’étoffent. Canal+ diffusera le match en prime time.
Extrapolation possible pour le WXV et 2025
Cette rencontre pourrait aussi façonner la hiérarchie mondiale avant le WXV, qui débutera à la rentrée. En cas de victoire, les Bleues pourraient prendre un ascendant psychologique majeur et viser la première place mondiale en 2025. Le WXV, divisé en trois divisions, pourrait aussi offrir une plateforme nouvelle à la France pour imposer sa stratégie de jeu, très différente de l’approche anglaise.
L’Angleterre vulnérable malgré son statut
Malgré son statut de favorite, l’Angleterre reste fragile. De nombreuses joueuses clés manquent à l’appel. Emily Scarratt reste incertaine, tout comme Abbie Ward. Les blessures s’accumulent, la relève n’est pas encore stabilisée. Le jeu anglais, parfois stéréotypé, pourrait être contourné par la vitesse d’exécution des Françaises et leur mobilité dans les regroupements.
Une cause qui dépasse le sport: le rugby féminin mérite le même traitement que les hommes
Ce match est aussi un signal pour l’égalité femmes-hommes dans le sport. La FFR souhaite démontrer que le rugby féminin mérite le même traitement que les hommes en matière d’infrastructures, de reconnaissance et de visibilité. La présence attendue du président de la République à Bordeaux, selon nos sources, montre l’importance symbolique de l’événement.
Mobilisation générale autour des Bleues
Depuis plusieurs semaines, les signaux s’alignent. Les clubs formateurs ont reçu la consigne de libérer leurs joueuses internationales sans conditions. Les centres de formation intensifient les stages techniques. À Marcoussis, l’encadrement multiplie les séances vidéo pour disséquer les schémas anglais. Objectif : lire les automatismes, casser les lancements stéréotypés, et trouver la faille dès les premières minutes.
Une préparation physique ciblée
La cellule performance a revu entièrement la préparation physique estivale. Moins de musculation brute, plus de réactivité, d’endurance spécifique et de capacité à tenir les collisions à haute intensité. Les tests VO2 max réalisés début juillet affichent une hausse moyenne de 7 % par rapport à 2023, un indicateur crucial face à une équipe anglaise qui pratique un jeu d’usure.
Des joueuses cadres responsabilisées
Certaines joueuses tricolores assument désormais un rôle de mentor. Gaëlle Hermet, absente de longue date pour blessure, accompagne les jeunes mentalement. Jessy Trémoulière, retraitée internationale, intervient en externe comme conseillère technique. Ces transmissions non-officielles pèsent. Elles installent une continuité dans l’identité de jeu française. On parle désormais d’un « style tricolore », fondé sur la variété, la prise de risque et le refus de l’uniformité.
Un rendez-vous observé dans tout le rugby mondial
Ce match suscite l’attention au-delà des frontières. En Nouvelle-Zélande, en Australie, mais aussi au Japon, plusieurs fédérations féminines suivront le match avec attention. Le rugby féminin devient un enjeu géopolitique, chaque affrontement entre grandes nations redéfinit les rapports de force à venir dans le rugby mondial. La performance française pourrait inspirer ou alerter.
La pression populaire monte pour le rugby féminin 2025
Sur les réseaux, la mobilisation s’intensifie. Des hashtags comme #AllezLesBleues ou #RugbyFéminin2025 inondent TikTok et X. La communauté rugbystique appelle à remplir le stade de Bordeaux. Des figures du rugby masculin, comme Antoine Dupont ou Fabien Galthié, affichent leur soutien. Cet élan populaire renforce la symbolique de la rencontre.
Scénarios en cas de victoire
Une victoire française changerait tout. La France s’installerait comme candidate crédible au titre mondial 2025. Elle redonnerait confiance aux joueuses. De plulle obligerait la FFR à accélérer l’intégration du rugby féminin dans ses stratégies prioritaires. Elle pourrait aussi générer une hausse immédiate du nombre de licenciées, un effet déjà observé après les performances des Bleues en Coupe du monde de football.
Et si la France perdait malgré tout
Une défaite ne serait pas une catastrophe, à condition d’y mettre les formes. Si les Bleues posent des problèmes tactiques aux Anglaises, marquent plusieurs essais, rivalisent physiquement, l’impact restera positif. Le but est de sortir de l’ombre, de se battre à armes égales. Le vrai danger serait une défaite sèche et sans relief, qui validerait l’idée d’une hiérarchie intouchable.
Dernière ligne droite
Il reste dix jours. L’encadrement resserre les lignes. Le groupe définitif sera officialisé dans les 48 heures. Pas de place pour l’à-peu-près. Chaque minute compte. La France prépare un match d’honneur, de rattrapage et d’ambition. Bordeaux s’apprête à vibrer. Et peut-être, à voir naître une victoire fondatrice.
Conclusion par notre rédaction
Le rugby féminin français entre dans une zone critique. Le 9 août, il ne s’agira pas seulement de vaincre l’Angleterre. Il s’agira d’envoyer un signal à la planète rugby, de prouver que la France n’est pas une nation secondaire. Une victoire ferait basculer le paysage. Une défaite combative, elle, cimenterait les fondations d’un projet solide. Dans tous les cas, les regards seront tournés vers Bordeaux.